Texte & photos Migail Montlouis-Félicité
« Sé là i té bon !
Et il fallait y être. Pas seulement parce que c’ést un groupe phare de la Martinique. Et qu’avec 55 ans de concerts, il charroye tous les souvenirs qui ébranlent encore nos cœurs et nos esprits.
C’était là l’occasion de retrouver des amis pas vus depuis an chaye tan. Et que l’essansyèl des concerts d’exception passent pas les moments ordinaires qui font d’une soirée un temps de souvenance.
Hier soir la troupe a réchauffé nos cœurs comme une cheminée embrasse de ses flammes colorées une chaumière an mitan d’une nuit d’hiver.
Et les notes, les envolées rythmiques de chacun des musiciens ont saupoudré à nouveau une page de la musique martiniquaise.
Dans un premier temps des chansons que certains connaissaient moins parce qu’elles font partie d’une nouvelle génération.
Et malgré tout le public ne s’y trompe pas, on reconnaît là la patte du maître de musique de Jou Ouvé Missié Feu Paulo Rosine. Et Pierre Michel Gertrude dit Pipo ne cesse de le répéter. Donc honneur et respect pour l’écriture belman rendue de la partition Malavoi.
Ce n’est pas chose facile que de regarder vieillir nos leaders, nos presque partenaires de vie. Alors qu’ils entament comme nous même la plage de seniors ou seniors plus, force est de constater qu’ils nous enthousiasment encore et plus après.
Au bout du premier set photographié depuis l’étage du Café de la danse, l’appareil ratait le coeur du nannan (chair succulente). Man pa té ka wè les cordes, les violons cachés par des enceintes envahissantes…
Il fallait donc prendre la suite au RDC. Et là ça change la donne.
Mi vwala an mitan presque de la scène, là coulait la sève au plus près de l’objectif. Et c’est comme si s’épluchait des bâtons de canne pour sucrer nos âmes de la philosophie Malavoi. Plus proche des mains du pianiste le Grand José Privât, plus près de Nicol Bernard, face au géant Thierry Fanfant, et mi vwala plus en perspective les violonistes et violoncelle, sensations vibrations affections plurielles.
C’est un dékatman de musiques belles dépi Matinik yo vwéye ban nou.
Malavoi est en tournée et nous avons eu le privilège de les voir un soir à Paname.
Demain la troupe s’envole vers la Réunion.
Et dans la folle soirée de retrouvailles nous écoutons comme assis à la maison les belles mélodies qui nous enchantent et nous fait frissonner de plaisir.
Et le public prend la voix à leur côté, c’est comme une chorale qui s’accorde avec comme chef de cérémonie la voix enchantée du crooner antillais. Et je ne saurais mentir… plusieurs fois il a été demandé dans la salle « Ralph n’est pas la, il faut prononcer Ralph Thamar »… Le premier leader chant du groupe dans les années du commencement
Non il n’y est pas. Mais Mister Gertrude fait le show, entre sa verve où il aime à parler en métaphore poétique il sait nous décorer une salle comme si nous ouvrions à chaque titre un paquet Kado Nwèl. C’est ainsi, il rempli l’espace de sa constance joyeuse et bienveillance, accompagné par ses compères, ses dames de chœur Marie-Lyne Malmin et Miss Marie-Céline Chroné. Et rien qu’avec elles deux, la source vocale est sacrée et divine. Les variations sont ajustées et harmonieuses. Aucune dissonance ne s’entremêle à nos oreilles.
Nou kontan ! Et jusqu’au bout où Malavoi, l’unique entame quelques bribes d’un Chanté Nwèl nous pouvons dire Mèsi.
Merci du moment d’amour distillé et comme un bon punch dégusté, on s’en retourne le cœur réchauffe, l’esprit coloré et le corps enflammé.
Il y a dans la Musique de nos Gens de mornes libres toute l’essentiel de notre culture.
Et comme un cadeau s’apprécie quand il est offert avec tant de générosité.
Malavoi a fait hier soir sa part belle. Enthousiasmons nous encore et plus de les avoir dans notre paysage musical.
À l’heure où tant des nôtres sont conjugués au passé gardons en tête que ce qu’ils nous offrent est le meilleur d’eux.
Et inclinons nous devant les forces vives qui transportent nos cultures ici et ailleurs et font de nous des pilliers du monde.
Et comme dirait la chanson Yo sé fos a péyi la et il faut compter également avec eux.
Malavoi pour cette escale caraïbe qu’aurait aimé un de mes petits frères Soter Patrick Marie-Joseph ou l’autre maître Paulo Albin, ou encore François Alé di yo la que, quand passe la Caravane Malavoi, les chiens n’aboient pas mais laissent écouter la folle parade divertissante..
Au Café la Danse ce 3 mars, alors qu’un certain froid enveloppait la Capitale, la chaîne humaine se réchauffait et Sé la sa té bon.
Malavoi se produira :
Samedi 07 Décembre 2024 – 20h00
TEAT PLEIN AIR 97434 SAINT-GILLES LES BAINS Réunion